20 ans furent nécessaires à ce groupe de musiciens, autodidactes et formés par une fanfare d'église, afin d’évoluer pour devenir la première formation philharmonique d'Afrique centrale et l’unique orchestre «all-black» sur Terre!

Au Congo, par sa présence, la musique est prégnante. Dans les célébrations religieuses, les prêches se mêlent aux rythmes des musiciens et des chorales. Sur toutes les terrasses et les bars de Kinshasa, la cadence du ndombolo, de la rumba congolaise ou des grands tubes du moment accompagne le fourmillement de la ville. A Ngiri-Ngiri, plusieurs fois par semaine, des mélodies classiques retentissent, elles s’échappent de l'enclos vert, qui délimite la parcelle des kimbanguistes, de ce quartier très peuplé de la capitale.

L’orchestre symphonique Kimbanguiste, né en 1994, lorsqu’Armand Diangienda perd, suite au crash de l'avion sur lequel il volait habituellement, son emploi de pilote. Le petit-fils du célèbre Simon Kimbangu, chef spirituel de l’Église kimbanguiste, n'avait pourtant aucune formation professionnelle en musique classique. Cela n’était pas un réel obstacle et il se lance ce pari fou de créer, au Congo, la première organisation symphonique. 

Au commencement, un petit groupe d'autodidactes se partagent des instruments ou les fabriquent sur place avec différents matériaux de récupération. Leurs motivations connaissent peu de limites et leurs passions ont vite attiré d'autres musiciens, avides d'apprendre. Au fil des années, l'ensemble grandit et les instruments, comme le registre, s’étoffent.
Révélé au monde en 2010, suite à la sortie du film documentaire Kinshasa Symphony, de Martin Baer et Claus Wischmann, l'orchestre bénéficie d’une reconnaissance internationale ;  sur différents continents ses représentations s’apprécient grandement.

Les musiciens, composants l'orchestre, sont tous bénévoles et viennent d'univers très différents. Durant la journée, chacun vaque à ses occupations afin de se nourrir et de soutenir sa famille, au sein de l’une des plus grandes et chaotiques villes d'Afrique. Certains sont commerçants, d'autres électriciens, couturiers, étudiants ou femmes au foyer mais une fois la nuit tombée, ils deviennent violons, tubas, flûtes, contrebasses ou sopranos. Chacun trouve sa place, accorde son instrument, s'échauffe un peu avant que le Maestro Armand prenne place. Lorsque ce dernier lève sa baguette, à peine moins de 200 musiciens font retentir les sons des cordes, bois, cuivres et percussions. Ainsi, à travers tout le quartier, résonnent les symphonies de Beethoven ou du Carmina Burana de Orff.

Leur succès actuel les réconforte dans leur engagement pour cet art largement méconnu est parfois même boudé par les congolais car certains le considère comme une «musique de blanc». Populariser le classique est le rêve du Maestro Armand Diangienda qui souhaite aujourd'hui fonder une école de musique ouverte à tous. La demande est bien réelle : en plus de l'orchestre symphonique kimbanguiste, sur cette verdoyante parcelle, différents groupes et chorales répètent déjà régulièrement les registres religieux. L'accès à des instruments de qualité est non seulement difficile mais coûteux. A ce jour, cet enseignement reste l’attribut des membres de l'église Kimbanguiste.


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